Espaces de réflexivité et stratégies de liberté dans la pratique du travail social en milieu institutionnel : Regard d’intervenantes et d’intervenants de la santé et des services sociaux

Résumé

Le principal objectif de cette recherche a été de documenter les stratégies de résistance mises en place par des travailleuses sociales face aux contraintes rencontrées dans la pratique aujourd’hui. En s’intéressant aux stratégies de résistance, cette recherche souhaitait proposer un angle sensiblement différent par rapport à d’autres recherches et enquêtes davantage préoccupées par les effets délétères du contexte actuel de la pratique sur la santé des intervenantes des services médico-sociaux. L’hypothèse générale de tensions dynamiques entre contraintes et marges de manœuvre dans la pratique du travail social en milieu institutionnel, en particulier telle qu’elle s’exprime chez un auteur comme Saul Karsz, guidait la démarche. Les données recueillies sont toutefois venues problématiser, voire ébranler cette hypothèse.

Dans le processus d’analyse, les données recueillies dans cette étude ont été mises en dialogue avec les résultats d’un autre projet de la programmation (Regards critiques sur l’évaluation : recension d’écrits), particulièrement avec des travaux qui se sont penchés sur le phénomène de la néo-évaluation comme partie intégrante de la Nouvelle gestion publique et de son obsession d’amélioration de l’efficacité et de l’efficience au nom d’une nécessaire compression des dépenses. La coïncidence est apparue à certains égards étroite entre les analyses présentées dans les écrits consacrés au phénomène de la néo-évaluation et les témoignages recueillis dans l’enquête. On retrouve dans les deux cas la description d’une sorte de transmutation qui serait l’œuvre dans le champ de l’intervention sociale et psychosociale marquée par une reconfiguration complète — certes encore inachevée — des objets de l’intervention afin que ces derniers puissent être absorbés et digérés dans une logique comptable. Les implications pour les destinataires comme pour les dispensateurs de l’intervention s’avèrent désastreuses, dé-subjectivantes et déshumanisantes. Les uns et les autres apparaissent la proie d’une logique d’instrumentalisation dans un système (dont les contours et la direction semblent dotés d’une large part d’opacité) où l’idée même d’une distinction qualitative, d’une hiérarchie, entre moyens et finalités semble en passe de devenir caduque, où l’humain lui-même en vient à être appréhendé et traité comme un moyen, un système où, pour reprendre la formulation de Michel Freitag concernant plus largement les sociétés contemporaines, « les idéaux normatifs chavirent dans le fonctionnement purement positif » (1995: 186). Néanmoins, à suivre les témoignages des travailleuses sociales rencontrées, il semble que, sur le terrain, ce soit précisément les idéaux normatifs qui soutiennent et permettent, malgré l’adversité, des formes de résistance, à la fois subjectives et concrètes.

Axe de recherche

Chercheur·se·s

Partenaire

Rôle des partenaires dans la recherche

  • Validation du devis et des canevas d’entretien
  • Diffusion de l’invitation à participer à la recherche
  • Amorce de mobilisation pour une diffusion plus large des résultats (pour différentes raisons, la mobilisation n’a pu être poursuivie)

Retombées pour le milieu et apprentissages

Les résultats de cette recherche seront mis à contribution dans le cours dispensé par Madame Poirel : «Problèmes sociaux et institutions » (cours optionnel de 3e année du baccalauréat en travail social).

Productions et activités découlant du projet

Contributions à un ouvrage collectif

Poirel, M.-L. En collaboration avec le groupe de travail sur l’évaluation d’ÉRASME (soumis). Malaise et impasse dans le réseau public de services sociaux et psychosociaux: Les « nouveaux » dispositifs d’évaluation en questiondans Crise québécoise dans les domaines de la relation d’aide, projet d’ouvrage collectif dirigé par Steeve Dubois et Étienne Boudou Laforce).

Communications scientifiques

Poirel, M.-L. (2016, juillet). Stratégies de liberté dans la pratique du travail social face aux défis de l’ère néolibérale et néo-managériale : Regard d’intervenantes et d’intervenants de la santé et des services sociaux. Congrès de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF). Montréal, Canada.

Séminaires

Poirel, M.-L. (2016, novembre). Entre stratégies de survie et stratégies de résistance : la pratique du travail social en milieu institutionnel aujourd’hui. Séminaire de l’Équipe de recherche et d’action en santé mentale et culture, Université du Québec à Montréal. Montréal, Canada.

État d’avancement

Le projet est terminé (2015-2017).

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