Résolution – Sortir du silence : Gaza, Palestine et nos responsabilités

Cette prise de position s’inscrit dans le processus démocratique de l’équipe de recherche ÉRASME. Un large alignement collectif des membres a permis à la direction d’ÉRASME de statuer en faveur de l’adoption de cette prise de position.

Cette démarche vise à reconnaître que certaines vies, celles des personnes palestiniennes, sont aujourd’hui directement menacées par ce génocide, et que notre parole doit se situer en solidarité avec elles. Reconnaître, c’est appuyer celles et ceux confronté.e.s à l’effacement ; c’est refuser que notre parole demeure silencieuse ou neutre face à l’injustice.

La situation actuelle en Palestine occupée s’inscrit dans un projet colonial continu, marqué par des décennies de nettoyage ethnique, de déplacements forcés, de violences militaires, d’appropriation et d’occupation des terres, et d’effacement de l’histoire et de la culture palestinienne. Ces violences constituent des violations graves des droits humains et des conventions de droit international, et appellent une action collective urgente.

Ces réalités résonnent ici, au Québec, et au sein même de notre équipe, à travers les voix de la diaspora palestinienne, les liens de recherche et de solidarité, les communautés engagées, et les espaces de soin et de création. Elles traversent nos pratiques, nos réflexions, nos solidarités. Elles nous interpellent dans notre rapport à la justice, à la mémoire, à la dignité. Depuis de nombreuses années, des membres de notre équipe ont mené des projets de recherche et d’action avec des communautés palestiniennes au Liban et dans les territoires palestiniens occupés, dans une perspective de justice sociale et de solidarité transnationale.

L’impuissance face à ces violences prend des proportions inquiétantes. Elle devrait nous préoccuper toutes et tous. Le silence, l’effacement, le sentiment de ne rien pouvoir faire, d’être seule dans l’indignation – tout cela pèse sur nos corps, nos espaces, nos engagements. Sortir du silence devient une nécessité politique, éthique et affective.

Des gens écrivent sous les bombes. Ils tentent de préserver des fragments de mémoire, de dignité, de vérité, pendant que tout s’effondre autour d’eux. Nous, ici, avons le privilège d’écrire cette résolution dans un espace de sécurité, de calme, de liberté. Ce privilège nous oblige. Il nous confronte à une responsabilité : celle de ne pas détourner le regard, de ne pas normaliser l’effacement, de ne pas laisser le silence s’installer là où la parole peut encore porter.

Nous reconnaissons que les violences coloniales et le génocide en cours à Gaza ne peuvent être compris sans nommer les régimes et les institutions qui les rendent possibles. L’entité sioniste, qui administre l’occupation et la dépossession du territoire palestinien, agit avec le soutien actif de plusieurs États. Ce système d’impunité internationale, fondé sur des alliances militaires, économiques, académiques et diplomatiques, perpétue les violations du droit international et entrave toute possibilité de justice. Le gouvernement du Canada et du Québec ne sont pas étrangers à ces dynamiques, en maintenant, par exemple les relations économiques et institutionnelles. Nommer ces responsabilités est essentiel pour refuser l’effacement, pour comprendre les dynamiques de pouvoir, et pour affirmer notre solidarité avec les peuples en lutte contre l’oppression. Nommer ces responsabilités est essentiel pour refuser l’effacement, pour comprendre les dynamiques de pouvoir, et pour affirmer notre solidarité avec les peuples en lutte contre l’oppression.

Les effets de l’occupation, de la dépossession, de la fragmentation familiale et du trauma intergénérationnel ne sont pas abstraits : ils traversent nos recherches, nos solidarités, et les engagements que nous portons ici. Des jeunes, ici et ailleurs, expriment leur désarroi, leur colère et leur perte de repères devant l’impunité et l’effacement. Ils questionnent la valeur des droits humains, la portée des solidarités, et la possibilité même d’un futur juste. Ils nous rappellent que dans le système actuel, lorsque la justice devient le privilège de certains, c’est l’idée même de justice qu’il faut interroger, contester et reconstruire.

Ce qui se passe aujourd’hui aura des conséquences profondes. Ce n’est pas seulement le présent qui est engagé, c’est aussi le futur, le demain. Sur quelle planète veut-on vivre? Où sont les clés de ce monde? Comment peut-on être humains ensemble dans tout cela? Comment fait-on pour garder notre commune humanité, malgré l’effroi, malgré l’indifférence, malgré l’effacement?

En tant qu’équipe de recherche et de création, ÉRASME se doit de répondre à cette interpellation. Il est temps de penser nos responsabilités, nos solidarités, et nos gestes ici et maintenant.

Considérant la mission de l’équipe ÉRASME et son engagement envers les questions de mondialité, de solidarité, de citoyenneté, de santé mentale et de transformation politique,

Considérant ses préoccupations pour des recherches ancrées dans les réalités des groupes marginalisés, attentives aux formes de souffrance sociale, aux récits invisibilisés, et aux savoirs situés,

L’équipe ÉRASME condamne fermement le génocide en cours à Gaza, ainsi que l’intensification de la violence coloniale en Cisjordanie, qui s’inscrit dans une logique d’occupation, de dépossession et de fragmentation systémique du territoire palestinien. Elle dénonce également la violation organisée des droits des enfants palestiniens, notamment leur affamement, dans le cadre d’une politique de destruction menée contre le peuple palestinien.

Cette résolution est une prise de position ferme qui reconnait l’État de la Palestine, le droit des Palestiniens et Palestiniennes et l’importance de respecter le droit international et la justice internationale. Elle est aussi un geste de refus, un cri, une tentative de dire ce qui nous traverse. Nous ne sommes pas neutres. Nous sommes impliqué.e.s. Et nous continuerons à parler, à relier, à agir… pour que la justice soit possible.

L’Équipe de recherche et d’action santé mentale et culture (ÉRASME)

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